ment en lui sont les leviers, qui me donnent la force de sacrifier aux muses célestes la meilleure part de ma vie…[1] »
Voyons-le donc, dans son quatuor en ut dièze mineur, le haut artiste qui célèbre, sur l’autel de l’art divin, le sacrifice de ses peines !
Plus tard, il déclarera que, de tous ses quatuors, celui-ci est le plus grand, le chef-d’œuvre.
Et cela est vrai. Il est le plus parfait. Il est l’unique. Et, pour aucun, Beethoven n’a tant dépensé de labeur passionné.
l a ceci d’abord d’exceptionnel qu’il est d’une seule
coulée. Il n’est pas sectionné, comme tous les autres
quatuors, en compartiments. S’il procède par toute une
gamme de mouvements et de tonalités, c’est véritablement
une gamme qui s’écoule naturellement, sans que les écluses
soient fermées[2].
- ↑ À Nǎgeli, 9 septembre 1824.
- ↑ Il y a discussion sur le nombre des mouvements : 5, 6 ou 7 ? (le 3e étant un récitatif de passage, 11 mesures, entre le 2e et le 3e). D’autre paît, certains critiques, comme H. Riemann, veulent faire du 1er et du 2e un seul morceau. — Quoi qu’il en soit, tous insistent sur l’unité singulière de toute l’œuvre. Vincent d’Indy voit, dans le choix des tonalités, une intention « très réfléchie qui se base sur le principe des cadences de la fugue ». — Très curieusement, Riemann souligne le rappel de la succession des tonalités, et particulièrement du ré majeur inattendu du 2e morceau, dans le trait final du dernier morceau. Notons, d’ailleurs, que ce ré inattendu du 2e morceau a provoqué les plus curieux efforts des exégètes, inquiets de le ramener au bercail tran-