Page:Rolland - Beethoven, 5.djvu/235

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
LES DERNIERS QUATUORS

Avec le public aussi, ses relations s’étaient un peu détendues. Il ne pouvait pas être insensible aux marques de respect de la critique et des artistes, au succès de ses dernières œuvres. Nous avons vu l’admiration quasi-unanime, que rencontra, aux premières auditions publiques, les 5 et 20 novembre 1825, le grand quatuor en la mineur, op. 132. En novembre et décembre, on exécute, dans les concerts, son Eroica, sa Fantaisie pour piano avec chœurs, son Trio en , son Septuor, qui soulève toujours l’enthousiasme. Et, le 20 novembre, la Gesellschaft der Musikfreunde (Société des Amis de la musique), en une session du Conseil, que présidait le grand historien de la musique, Kiesewetter, le propose comme membre d’honneur.

Ajoutons la joie, bien autrement douce et profonde, que lui cause, après vingt-huit ans de silence, la chaude main tendue des vieux amis de Bonn, la lettre, en date du 28 décembre 1825, débordante d’affection et de respect, de Wegeler, fixé à Coblenz, et de sa femme Eléonore, Lore, la « Lorchen » d’enfance, dans la maison Breuning. Très certainement, les relations renouées avec Stephan v. Breuning ont rompu le silence de Bonn. — Quel bienfait ce fut pour lui d’entendre le vieux compagnon, honoré, lui dire :

« … Nous vieux, nous vivons volontiers dans le passéLa connaissance que j’ai faite de toi et notre amitié de jeunesse, bénie par ta bonne mère, est un point lumineux dans ma vieJe regarde vers toi, comme vers un héros, et je suis fier de pouvoir dire : « Je ne fus pas sans influence sur son développement, il m’a confié ses vœux et ses rêves ; et si plus tard, il a été méconnu, moi, je savais ce qu il voulait… » Dis-nous seulement une fois : « Oui, je pense à vous, dans la joie comme dans la peine ! » L homme, m^me quand il se tient aussi haut que toi,