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LES DERNIERS QUATUORS

Il venait d’achever le quatuor, en ces mois d’automne 1825. quand il s’installa dans sa dernière demeure ici-bas, le Schwarzspanierhaus[1].

  1. Vers le 15 octobre 1825.

    On trouvera une très fidèle description de la maison et du logement, dans le beau livre de Souvenirs de Gerhard v. Breuning : — « Aus dem Schwarzspanierhause, Erinnerungen an L. van Beethoven ans meiner Jugendszeit », Vienne, 1870.

    Le Schwarzspanierhaus, (ainsi nommé parce qu’il avait été bâti par les Bénédictins d’Espagne), était une vaste construction rectangulaire, à deux étages, flanquée d’une église, qui s’élevait sur les remparts (am Alservorstädter Glacis), dans une situation très dégagée. La façade donnait sur le midi, avec une large vue sur un Champ-de-Mars (la place d’exercices de la Josefstadt), et au-delà, sur la ville intérieure avec ses bastions et ses clochers ; — à gauche, le faubourg de la Leopoldvorstadt, et dans le lointain, les hauts arbres du Prater ; — en face, le faubourg de Maûahilf, avec les écuries impériales ; — à droite seulement, la vue était fermée par le Rothehaus (la maison rouge), de l’autre côté de la place, où habitaient les Breuning.

    Beethoven occupait, au deuxième étage, un très spacieux appartement, qui avait été habité avant lui par le reld-marshall-Licutcnant baron Minutello : — ce qui démontre qu’il n’était rien moins que médiocre et peu considéré.

    On y accédait par une bel escalier principal. Au second, à gauche, on entrait dans une grande antichambre, qui menait d’un côté à la cuisine et à une chambre de domestique, en tout quatre fenêtres sur une vaste cour carrée, au fond de laquelle était un grand jardin. De l’autre côté, l’antichambre donnait accès à un cabinet avec fenêtre sur la place, ouvrant sur une grande chambre à deux fenêtres, et de là sur un grand cabinet de travail : en tout cinq fenêtres sur le devant. Ni la lumière ni l’espace n’étaient mesurés. — Beethoven n’en occupait vraiment que la grande chambre à deux fenêtres sur la place, où étaient son lit, ses deux pianos, ses principaux meubles, — et le cabinet de travail attenant, où il avait mis sa table et sa bibliothèque. — Le reste de 1 appartement était à moitié vide, ou encombré de tas de musique écrite ou imprimée, en désordre, qui couvrait le plancher. Très peu