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LES DERNIERS QUATUORS

est issue, en même temps que la Canzona et le premier éveil de l’andante, l’idée de l’introduction au premier morceau du quatuor en si bémol.

Mais Beethoven comprime son impatience d’écrire, jusqu’à ce qu’il ait achevé son dessin du molto adagio (aux p. 20 et 21) et de l’andante (p. 25). P. 26, il note cette première esquisse :

[partition à transcrire]

Il est, à ce moment, en pleine composition de l’allegro appassionato final du quatuor en la mineur[1].

Si l’on se reporte à notre récit de la composition du quatuor op. 132, on verra donc que l’incubation du premier morceau du quatuor op. 130 s’est prolongée entre deux stades de la pensée très différents : l’aube de la convalescence, le remerciement à Dieu, encore prostré, juste avant que les forces ne se réveillent, — et la pleine énergie recouvrée, pour le combat contre le sphinx, l’assaut donné à l’énigme intérieure, qui ouvrira la porte à l’allégresse reconquise. — Cette dualité se retrouvera dans tout le premier morceau, où, constamment

  1. Je sais qu’il faut tenir compte de l’observation de Nottebohm et de Paul Mies, à propos d’autres Cahiers d’esquisses : à savoir qu’il arrivait à Beethoven d’écrire ses idées, au hasard d’un cahier, là où il trouvait de la place, et qu’on doit être prudent à tirer des conclusions de la suite des pages d’un cahier. Mais il s’agit d’examiner les pages avec circonspection ; et ici, il ne paraît y avoir aucun doute sur la succession des idées.