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BEETHOVEN

terminer avant la fin du mois » le quatuor en si bémol. Certes, il s’abusait sur sa rapidité à l’écrire, et il ne put le faire que dans les trois mois qui suivirent ; mais il fallait, pour qu’il parlât avec une telle sûreté, que l’œuvre fût, à cette date, à peu près entièrement écrite dans sa pensée.

Les Cahiers d’esquisses vont nous renseigner sur les travaux d’approche, et leur entrecroisement avec ceux pour le quatuor en la mineur.

Nos sources sont les mêmes que pour l’autre quatuor, puisqu’ils sont jumeaux.

Ce sont, d’abord, le Cahier russe, qui ne contient que des esquisses pour le premier morceau, — et le Cahier italien, qui est riche en esquisses de tous les morceaux (à l’exception de la Danza tedesca), particulièrement pour la Cavatina.

Et c’est d’autre part, une liasse de trois Cahiers, à la Bibl. de Berlin, analysés par Nottebohm (II, p. 1 et suiv.), et qui renseignent pour les 3e, 4e et 5e morceaux, ainsi que pour la grande fugue.


La première pensée s’exprime, non pas en notes, mais exceptionnellement par une ligne écrite : (p. 11 du Cahier italien, Beethoven écrit :)

« Ultimo quartetto con una introduzione grave e pesante. » (« Le dernier quatuor avec une introduction grave et pesante. »)

Fixons l’instant ! — Beethoven commençait à peine ses premières esquisses pour la Canzona di ringraziamento (dès la p. 5 du Cahier). Il venait de trouver (p. 10), la forme de choral, mais non pas encore son mode antique ; il jetait son cri à la Divinité : — « Doch du gabst wieder Kräfte. » (« Tu m’as donc rendu mes forces !… ») — Voici l’atmosphère d’où