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BEETHOVEN
Ce n’est pas ia seule réminiscence des derniers quatuors, qui soit marquée dans l’œuvre de Berlioz. Nous en rencontrerons d’autres : notamment dans le quatuor en ut dièze mineur (la Nuit d’amour « de Roméo et Juliette » [1]).
- ↑ À la réception du quatuor op. 127, au printemps 1825, le prince
Galitzin avait adressé le manuscrit original à Baillot, le célèbre violoniste
de Paris. Le quatuor en la mineur op. 132 fut emporté à Paris,
par l’éditeur Schlesinger, en automne 1825. Le jeune Berlioz en a-t-il
eu connaissance, dès les années qui suivent immédiatement ? En tout
cas, nous verrons plus loin l’extraordinaire ébranlement nerveux
que le quatuor en ut diéze mineur produisit sur lui, à la première
audition, chez Baillot, en 1829. Et nous savons que les quatuors op. 127,
130, 131, 132, furent exécutés par les frères Bohrer, dans les salons de
A. Pape, facteur de pianos, en 1830 et 1831. La Revue musicale du
12 mars 1831 rend compte du quatuor op. 132, joué le 6 mars précédent.
— Or, Berlioz, au retour de Rome, suivait assidûment les séances de
quatuors chez Baillot, ou chez l’éditeur Schlesinger, ou chez l’altiste
Urhan. Beethoven exerçait sur lui une emprise exclusive, qu’il ne
parvenait pas, d’ailleurs, très bien à s’expliquer. Elle le rendit injuste
pour Haydn et « toutes ses gentilles phrases en bonnet de coton… Beethoven
fait faire à la musique instrumentale une trop grande enjambée, pour que
les œuvres de ses prédécesseurs ne nous paraissent pas aujourd’hui
pâles, prosaïques, souvent fort puériles et sans force comme sans chaleur… »
Pour lui, Beethoven est Dieu : — « Les Grecs avaient divinisé Homère : tant que Beethoven n’aura pas son temple, nous mériterons le nom de barbares… » (1834).
Comment ses compositions propres ne porteraient-elles pas, même à Bon insu, les traces de la commotion qu’il a subie ?