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BEETHOVEN

Mais qui se douterait que la phrase initiale de trois mesures, qui précède le choral et donne le grave élan au mouvement de toute la frise :

[partition à transcrire]

ne se présente qu’en second lieu dans le travail (p. 15 du Cahier italien). Après que le choral et l’andante ont été esquissés ![1]

Ceux qui connaissent Beethoven savent qu’il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’il découvre l’exorde de son œuvre, au cours de son travail, parfois même à la fin. Le motif initial, celui qui met en marche toute l’architecture en mouvement, est souvent le dernier à se faire jour. C’est une


    début de la sonate) devient celui de la vie renouvelée et se répand avec joie et puissance.

    En tout ceci, la Divinité est peut-être immanente, mais ne s’exprime pas, d’une façon directe. C’est essentiellement le passage mystérieux et dramatique du désespoir moral et de l’épuisement, au réveil des forces de vie. On dirait presque un processus psycho-physiologique.

    Dans l’Adagio-Cantique du quatuor, l’émotion est beaucoup plus spiritualisée. Le chant commence après la fin de la maladie. Il débute par le remerciement à Dieu. L’âme est faible encore, mais confiante en sa foi, et elle est bientôt récompensée. Ses forces lui sont rendues, et elle les dépense en cantiques d’amour et d’allégresse.

  1. Dans le Cahier russe, qui est un carnet de poche, emporté en promenade, il apparaît confusément d’abord. Il y a lieu de croire que l’idée est venue à Beethoven, dans une de ses marches à travers champs, et qu’il l’a ensuite reprise et remaniée, en tâtonnant, sur le grand Cahier italien, à la maison.