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LES DERNIERS QUATUORS

dépit de tous les découragements. Dans la partie de Durchführung (de transition et de développement thématique), le combat s’engage entre l’âme humble et tenace et la parole fatale, dont l’ordre pèse sur elle. Et l’on sent que l’âme gagne en confiance et en espoir : (le retour du motif de tendresse est soulevé par une envolée d’hymne à la joie (mes. 172 et suiv.) :

[partition à transcrire]

Dans la Reprise, le corps-à-corps se fait plus serré, et l’énergie de l’âme s’accroît toujours, s’exalte jusqu’à l’allégresse de la réapparition du deuxième motif de tendresse en majeur (mes. 223 et suiv.). Dans la Coda les deux antagonistes se mêlent âprement (mes. 235-247) ; et c’est vraiment ici le combat de Jacob avec l’ange. Mais ils semblent en sortir ici tous les deux épuisés, (mes. 248-253), quand de l’abîme monte un flot qui roule, une sombre nuée bruissante

    grande fugue, et qu’il engage avec lui, dans ce premier morceau, un colloque obstiné, qui prendra, par moments, le caractère d’un corps-àcorps. Nous sommes certains de nous conformer à sa pensée, en objectivant, comme il voulait le faire, cette tragique dualité. Mais nous savons bien que les deux êtres n’en font qu’un, et que Beethoven, souffrant, vaillant et hanté, est seul en scène.