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BEETHOVEN

[partition à transcrire]

Mais il se relève, après, infatigablement : car c’est la marque de ce morceau que sa constance à reprendre sa marche, en


    est lui-même hanté par le rappel constant de ce poids douloureux, qui le ramène en arrière ?

    [partition à transcrire]

    Cette retombée de l’âme, on la perçoit, même dans les sursauts de l’énergie

    [partition à transcrire]

    L’obsession ne lâche jamais l’esprit. Au lecteur attentif de suivre, dans toute la chair du morceau, cette imprégnance, qui en fait, psychologiquement et musicalement, une œuvre unique : car à l’habituelle combinaison du premier et du deuxième thèmes s’ajoute ici la permanence d’un thème, on pourrait dire, sous-cutané, d’une idée fixe, sourde et lancinante, qui s’est fait jour antérieurement au premier thème, à la première prise individuelle de la conscience, et qui persiste, par poussées de douleur, ou engourdies ou lancinantes, pointes de feu, sous tous les efforts de l’âme pour se dégager. Cette permanence, cette immanence, fait l’unité extraordinaire du morceau, qui, à première vue, et pour la plupart des auditeurs, paraît morcelé, brisé.

    Non, nous n’aurions pas besoin des mots de Destin, de Sphinx, d’oracle, pour expliquer la réalité d’un état d’âme humain, trop humain : Beethoven se montre à nu, avec une transparence sans égale. Le sphinx, le destin est en lui. C’est seulement pour s’en soulager qu’il l’extériorise en ce thème fatidique, avec lequel il jouera plus tard en une