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BEETHOVEN

Le religieux épisode en ré majeur de la sonate correspond certainement à cette effusion de l’âme pieuse, croyante, reconnaissante, acceptante, — de même que la course joyeuse qui précède correspondait à la jubilation de Bee thoven, dans ses promenades autour et au-dessus de Mödling. Dans cette oraison de la sonate, rien de douloureusement résigné, comme souvent chez Beethoven dans ses retours de pensée religieuse. Point de discussion avec Dieu, comme dans l’adagio. L’acceptation est heureuse, tendre, doucement reconnaissante[1]. Et quand elle s’éteint, en un murmure

    und nur auf deine unwandelbare Güte, o Gott ! mein ganzes Vertrauen setzen. »

    « Dein Unwandelbarer, deiner
    Soll sich meine Seele freuen,
    Sei mein Fels, mein Licht,
    Ewig meine Zuversicht ! »

  1. Nagel pense que le motif de la prière :
    [partition à transcrire]

    est sorti du thème de la fugue :

    [partition à transcrire]

    ce qui est fort discutable, — mais qui ramène l’attention sur le mystérieux travail où se transmutent les formes de l’émotion. Etude incomparable, qui attend encore ses maîtres de l’analyse psychologique de l’infra-conscient !