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LE CHANT DE LA RÉSURRECTION

En fait, la Sonate op. 106 a été entièrement écrite avant que la Messe ait été seulement commencée. Il ne peut donc être question d’emprunts, involontaires, faits par la sonate à la Messe : mais — ce qui est beaucoup plus intéressant — d’une sorte de germination secrète de la Messe, pendant la composition de la sonate[1]. Beethoven termine sa sonate, dans une atmosphère religieuse. J’ai cité plus haut sa lettre du 17 mai 1818 à Vineenz Hauschka, qui le montre obsédé de « Geistliches » en musique, bien plus que d’« héroïque ». On se souvient aussi de cet hymne à « Gott allein unser Herr », qu’il griffonnait, dans ses promenades à Mödling. Et le manuscrit Fischhoff exprime, en cette année, son complet abandon aux mains de Dieu[2].


    il serait plus vrai de dire qu’ils procèdent tous, dans le subconscient, de ’Urmotiv, sous-jacent, d’un bout à l’autre de la Messe :

    [partition à transcrire]

  1. Rappelons que, dans le cahier de 1817, où Beethoven écrivait ses premières esquisses au premier morceau de la sonate, il y intercalait (p. 75) cette indication : — « Preludien zu meiner Messe : » — ce que Nottebolim prétend expliquer, par un ressouvenir de la première Messe en ut : car il n’envisage pas la possibilité que ces mots se rapportent à un projet de la seconde Messe. Mais ce serait à savoir ! Je serais, quant à moi, disposé à croire que, même avant toute occasion d’employer son inspiration pour une cérémonie officielle, l’esprit de Beethoven, où affluait alors, de toutes parts, la vie nouvelle, avait conçu le projet d’une Messe.
  2. « Gelassen will ich mich also allen Veränderungen unterwerfen