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BEETHOVEN

1. Premier morceau, allegro : L’affirmation victorieuse et joyeuse de la volonté sur la faiblesse tendre et livrée ;

2. Scherzo : Le bref effort d’évasion de la lutte, — non sans ombres cachées ;

3. Adagio : Le dialogue tragique de l’âme avec le Destin, et sa soumission finale, dans la mélancolie ;

4. Largo : La détente de l’âme, qui cherche une issue, et semble couler au fond du subconscient, pour en ressortir impétueusement vers la joie. Dans ce largo, se rétablit par-dessus l’adagio, le lien avec le début. L’élan premier est retourné ; et la fantaisie, qui s’en joue, semble se dissoudre dans son analyse et dans son rêve.

Et le voici qui ressurgit, par brusque jet : il est le sujet même de la fugue

[partition à transcrire]

Ce qui me paraît caractériser cette exposition de la fugue, c’est la joie du jeu, — non pas « ouragan phénoménal », comme dit Vincent d’Indy, ou « gigantesque coup de vent, relevant presque de l’ordre dramatique », — mais flot débordant qui s’épanche et qui roule en volutes intarissables, avec une allégresse de la fantaisie et de la volonté. L’une chevauche l’autre. Le caprice tourbillonne, mais tenu en bride par le cavalier, avec des bonds et des arrêts joyeusement cabrés. Le thème déborde ses limites. Le joueur ne s’astreint pas aux règles strictes ; il est si maître de la partie