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BEETHOVEN

magnificence[1], — il a senti l’immensité de cette musique, sa vastitude et sa puissance élémentaire. Qui ne se souvient de son fameux mot[2] : que « Bach » ruisseau) ne devait pas être son nom, — que son vrai nom devrait être « Meer » !… Aux deux seuls J.-S. Bach et « l’Allemand Hændel » (der deutsche Händel), il reconnaissait le génie, parmi les maîtres du passé[3]. Toute sa vie, il eut la volonté de célébrer Bach, dans sa musique[4].

  1. Il parle à Freudenberg de la suprématie de J.-S. Bach dans la musique d’orgue, en même temps qu’il exprime sa prédilection pour l’instrument, qu’il déplore d’avoir dû abandonner : car ses nerfs n’en supportaient pas la puissance (Gewalt) colossale.
  2. À Karl Gottlieb Freud enberg, 1825.
  3. Cf. la lettre du 29 juillet 1819 à l’archiduc, que nous avons commentée plus haut.
  4. Dès juillet 1809, — donc aussitôt après la capitulation de Vienne, et lorsqu’il fut permis enfin aux Viennois de sortir de leur ville occupée, — Beethoven écrit le thème et les esquisses d’un quintette à la mémoire de Bach (« Denkmal Johann Sébastian Bachs quintett » cf. Nottebohm, II, p. 268), entre les esquisses pour le quatuor op. 74 et le lied d’Egmont ; « Freudvoll ». — Entre 1822 et 1825, il revient à son idée d’élever un monument à Bach. Parmi les esquisses de la Neuvième Symphonie, on lit : « auch statt einer neuen Sinfonie eine Ouvertüre auf Bach sehr fugirt mit 3 (Subjekten) » (au lieu d’une symphonie nouvelle, une ouverture, très fuguée, à 3 sujets, sur Bach). On trouve dans ses cahiers de nombreuses esquisses, fort différentes, de cette ouverture sur le nom de Bach :
    [partition à transcrire]

    (Cf. Nottebohm, II, 577 et suiv.).