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BEETHOVEN

Mais l’élan est retourné :

[partition à transcrire]

et ce jeu de retour occupera la fugue de l’allegro risoluto, qui suivra.

Tout ce morceau, exceptionnel dans la musique, est un passage de l’âme, d’un état d’esprit à un autre très différent. On pense aux tâtonnements récitatifs, qui précèdent, dans le dernier morceau de la Neuvième symphonie, l’entrée du motif de la Joie. Mais ici, la transition psychologico-musicale est plus finement et exactement nuancée. Elle pourrait être analysée, mot à mot. On verrait, des dernières mesures de l’adagio, où il s’éteint dans sa majesté mélancolique, surgir les arpèges d’octaves, d’abord indécis — puis interrogateurs — puis courant, un peu en désordre (un poco più vivace), vers une issue, qu’ils ne connaissent pas et qu’ils demandent ; — puis, le court allegro fugué procède à une recherche volontaire et raisonnée ; — mais il se heurte toujours à la même énigme de sortie (point d’orgue, accords en triples croches, répétés, tenus, syncopés) ; — de nouveau, remontent les arpèges d’octaves, mais cette fois moins flous, appuyés ; et, par degrés, exactement taillés, volontairement ils redescendent jusqu’au fond de l’abîme intérieur… Ici, les trilles, où bouillonne l’être obscur, — puis, le a tempo aux pulsations heurtées et inégales, de plus en plus précipitées (cresc. — accelerando — prestissimo, ff.) ;