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BEETHOVEN

plus — très marqué, très accusé, comme chez les fortes natures) : — c’est ici l’habituel : « Es muss sein », le : « C’est ainsi », de presque toutes les dernières œuvres de Beethoven :

[partition à transcrire]

Le calme (le « placide »), à cette ultime profondeur de l’échelle, ajoute immensément à l’impression.

En même temps, suivez exactement le a tempo, sans aucun ritardando d’expression ! Car c’est la Loi. — La basse est une basse indestructible, sur laquelle s’appuie la voix — la Loi — du Maître. Elle rythme le balancement de l’océan, sur lequel plane l’esprit, et dont les ondes s’amplifient, au fur et à mesure, dans la deuxième reprise de la Parole (mes. 49 et suiv.). Aucun caprice dans le jeu, aucune licence n’est de mise. Le rythme est impassible et exact.

J’interpréterais la répétition, à l’octave supérieure (mes. 47-49, 51-52), comme un mimétisme soumis de l’âme, qui reprend la parole du maître, en écho obéissant. Mais, à la deuxième fois, elle la noie dans un reflux d’émotion douloureuse et mêlée, où s’agitent plaintes, exigences, souffrance, protestations accablées, qui se résignent en pleurant (mes. 58) ; cette résignation s’achève en effondrement : de tutte le corde, au dim., pp., p. dim., pp. una corda (mes. 60). Jamais l’âme n’a été plus abattue. Certes, elle ne s’est pas assimilé l’Amor fati

Une main secourable la relève,