Page:Rolland - Beethoven, 3.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée
294
BEETHOVEN

nissimo[1]. Alfred Cortot s’en étonne, et réagit. Il dit qu’à la 39e mesure, « le piano est disproportionné au pathétique émouvant du passage. Il faut garder à cet endroit une sonorité pleine et nourrie ».

[partition à transcrire]

Je crois qu’il a tort. Nous avons toujours tort de corriger une indication précise d’un artiste aussi volontaire et attentif à ce qu’il écrit que Beethoven. Si nous comprenons autrement que lui, c’est nous qui nous trompons, nous devons chercher la raison qui a guidé Beethoven. Cette raison m’est tout à fait claire, d’après l’interprétation psychologique que j’ai donnée. L’admirable plainte mélodieuse, dont le cœur s’enchante avec tristesse, comme l’enfant, de son bourdonnement, s’épanche, en bourdonnant, dans le clair obscur. Elle ne doit rien perdre de son énergie expressive, — mais toujours dans le piano pianissimo. L’espressivo marque le moment où, après la montée de sa supplication hoquetante, elle sent avec douleur l’inutilité de ses demandes, et se replie. Mais tandis qu’elle croit tomber, de marche en marche, dans le chaos, dans le sans lumière, (42e mesure),

  1. Parti du piano, par un cresc. dimin., il arrive au pp. De là, par trois < > alternants, il revient au p. Du p., crcsc. poco a poco, più cresc., il passe à un autre p. espressivo. — Pas un seul forte.