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GŒTHE ET BEETHOVEN

Troisième leçon. Et cette fois, leçon de choses : l’exemple accompagne la parole. Cette fois, la mesure est comble. Si méritée, peut-être, que soit la semonce, un Gœthe ne peut pourtant pas se laisser tirer les oreilles, comme un écolier !... Est-ce qu’il se doute, seulement, ce Beethoven, de tout ce que représentent d’épreuves surmontées, d’amères expériences, de sagesse de la vie, chèrement achetée, cette contrainte sociale et cet ordre accepté ? Même s’il avait raison, elle serait intolérable, sa façon d’avoir raison ; Beethoven à Gœthe. (Man muss was sein, wenn man was scheinen will.)

Et il continue :

— « Je lui ai lavé la tête, je ne lui ai accordé aucun pardon, je lui ai reproché tous ses pêchés, surtout ceux envers vous, ma chère Detline !... »

(Ici nous avons la preuve que Bettine a fait partager à Beethoven son dépit, sa douleur et qu’ils n’ont pas peu contribué à la sévérité de Beethoven pour Gœthe. Peut-être une pointe d’envie jalouse se mêle-t-elle à ses autres sentiments d’animosité) : — « ... Dieu ! si j’avais pu avoir avec vous un tel temps, comme celui-là (wie der) en a joui l Croyez-moi, j’aurais produit beaucoup, beaucoup plus de grandes choses... » La lettre contient d’autres détails intéressants (et. depuis, vérifiés), qu’on laisse ordinairement de côté. On y voit Gœthe, faisant répéter à l’impératrice un rôle de comédie, et Beethoven refusant, maussade, d’y participer avec 6a musique. On voit aussi Gœthe et son grand-duc, férus (verliebt) de porcelaine chinoise, et Beethoven, comiquement, attribuer cette mode, qui lui paraît absurde, au déséquilibre d’un temps, où « la raison a perdu la haute main »... (Toujours la raison, revendiquée par Beethoven, et contre Gœthe !)

« Mais, conclut-il, je ne me prête pas à toutes leurs folies>