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GŒTHE ET BEETHOVEN

Ils sortent ensemble. Beethoven a empoigné Goethe par le bras. Dans Teplitz et les chemins des champs, ils se croisent avec d’aristocratiques promeneurs. Gœthe prodigue les saluts, qui agacent Beethoven ; et quand il parle de la cour, de l’impératrice, c’est avec des expressions « solennellement humbles » (feierlich bescheidenen) 1.

— « Ei was ! (Hein ! quoi !) grogne Beethoven. Ainsi, vous ne devez pas faire ; vous ne faites rien de bon. Vous devez leur jeter proprement à la tête ce que vous avez dans votre pensée. Autrement, ils riy feront pas attention. Il riy a pas une princesse qui reconnaisse le Tasse, à moins que le soulier de la vanité la blesse. Je les ai traités d’autre façon ! Quand je devais donner des leçons à Varchiduc, il me fit attendre, une fois, dans Vantichambre. Je lui ai tapé sur les doigts ; et comme il me demandait pourquoi j’étais si impatient, je lui dis que j’avais perdu mon temps dans son antichambre, et que je n’avais plus de patience à dépenser. Depuis, il ne m’a plus fait attendre ; je lui aurais fait sentir la niaiserie de ces façons qui ne serveni qu’à mettre en lumière leur propre stupidité (Viehigkeit). Je lui ai dit : « Vous pouvez bien accrocher un ordre à quelqu’un : il rien sera pas pour cela meilleur, d’un cheveu. Vous pouvez bien fabriquer un 1. Je suis ici le texte de la lettre de Bettine à Pückler-Muskau, beaucoup moins connue en France que la lettre de Beethoven à Bettine. On retrouvera celle-ci, reproduite, en partie, dans ma petite Vie de Beethoven.