Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/86

Cette page n’a pas encore été corrigée
74
GŒTHE ET BEETHOVEN

n’assistait point, mais que Beethoven, au sortir, vint lui narrer, tout bouillant ; et elle ne contribua pas peu, sans doute, à jeter de l’huile sur le feu. Bettine venait d’arriver à Teplitz, le 23 juillet au soir, avec son mari Arnim et sa sœur Savigny. Elle ne se doutait pas qu’elle y trouverait Gœthe et Beethoven. Cette rencontre, qu’elle avait si ardemment souhaitée, à laquelle elle avait tenacement travaillé, s’était donc accomplie !

Et (quelle amertume !) elle en était exclue.

Gœthe l’évitait, avec d’autant plus de soin que Christiane, de loin, y veillait x. Qu’elle ait fait part de sa rancœur d’Ariane délaissée au « Bacclius de la musique », (comme elle avait sacré Beethoven), on peut bien le penser ; et il est clair que Beethoven, fort sensible au charme de Bettine, à sa fidèle amitié, prit parti pour elle 1 2. L’irritation qu’il apportait de la soirée avec Gœthe n’eut plus aucune raison d’être atténuée. Il l’exprima sans ménagements.

Voici l’étrange scène — écrite (ou parlée) dans 1. Aussitôt qu’à Karlsbad elle apprit l’arrivée des Arnim à Teplitz, elle écrivit à son mari une lettre lui enjoignant de ne pas les recevoir. Et Gœthe, dans sa réponse du 5 août, par une de ces petites lâchetés domestiques, trop connues de ceux qui, à leur foyer, veulent la paix à tout prix, apaisa la jalouse, en traitant les Arnim en termes injurieux.

2. Il est caractéristique que l’arrivée de Bettine et la visite que lui fait Beethoven coïncident avec la dernière rencontre de Beethoven avec Gœthe. Après le 23 juillet, ils ne sc sont plus revus.