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BETTINE

Vous les possédez toutes deux. Mais la loyauté et la vérité ne cessent pas d’être la loyauté et la vérité, même si elles sortent de la bouche d’un roi 1. » Mais Bettine s’enfiévrait ; et sa parole emportée finit par blesser l’orgueil du souverain. Une brouille survint, à la fin de 1847. Au même moment, Bettine, engagée dans un conflit avec la municipalité de Berlin, était inculpée de lèsemajesté et condamnée à deux mois de prison.

— « Vous blâmez, écrivait-elle à Pauline Steinbâuser, ma tendance politique. Jamais je n ai rien entrepris qui ne fût en moi un ordre impératif (ich habe nie etwas unternommen was nicht ein Muss in mir gewesen wâre). Et mon action n’a du moins pas été sans fruit pour l’humanité. Car beaucoup ont leur tête sur leurs épaules, qui l’auraient perdue, si je n’avais combattu désespérément pour la leur garder 1 2. »

Les mouvements de 1848 trouvèrent son adhésion, — comme ils trouvaient aussi celle d’une autre amie de Beethoven et de Gœthe, Wilhclmine Schrôter-Devrient. Bettine flétrit dans ses 1. Auktions-Katalog 148, Henrici, n* 116. 2. Ajoutez que souvent ces hommes, dont elle avait sauvé la vie, ne lui inspiraient rien moins que la sympathie ! Ainsi, Kinkel. Elle note impitoyablement, dans une lettre de 1849, la répulsion qu’elle éprouve pour sa personne, pour « sa vantardise, sa présomption, sa folle vanité et ses vociférations... Vraiment, je n’ai pas fait cela pour lui ! Je l’ai fait, parce que je ne pouvais pas faire autrement, je l’ai fait pour moi seule. Mais par tous j’ai été lapidée, à cause de cela » (ibid., n° 111),