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BETTINE

dait ses livres contre la censure qui leur inspirait à tous deux un mépris et une haine sans bornes 1 2 ; il appuyait ses initiatives ; il transmettait ses lettres au roi ; et ils ne lui ménageaient, ni l’un ni l’autre, leurs observations. A eux deux, ils étaient une force ; et le roi Friedrich Wilhelm IV redoutait leur opinion. D’intéressants souvenirs inédits, qui m’ont été communiqués par une petite-fille de Bettine, Mme Irène Forbes-Mosses, la dépeignent en Portia, qui plaide inlassablement la cause des victimes de l’ordre social. « En un temps où il ny avait en Prusse ni Landtag, ni liberté de la presse, qui permît aux réclamations de se faire entendre, c était Bettine qui portait au roi toutes les plaintes. » Parmi les liasses d’affaires, dont les manuscrits ont défilé aux enchères de l’an passé, je note d’abord le cas du poète et professeur Hoffmann von Fallersleben, disgracié et révoqué pour ses Unpolitischen Lieder. — Puis, le grand manufacturier F. W. Schlôfîel, porte-parole de la misère des tisserands de Silésie, emprisonné sous l’inculpation de communisme et de haute-trahison 3 * S.. 1. <r On ne laisse pas, lui écrivait-il, souiller par les mouches l’or pur... s

2. « Le roi sait que je partage votre dégoût et votre aversion pour la censure. » (Lettre de Humboldt à Bettine — Auktions-Katalog 148, Henrici, n° 81.)

S. Il fut relâché, devint ministre des finances pendant la Révolution badoise, puis fut derechef condamné à mort.