Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée
231
BETTINE

moi encore, en cet enfant ! » (« Umfasse mich neu mit diesem Kinde ! »)... Gœthe fut bon et paternel. Il le reçut à sa table, et il le vit, chaque jour, jusqu’à ce qu’il fût atteint de la maladie dont il ne devait plus se relever. Le fils de Mignon fut son dernier visiteur, et les vers qu’il écrivit sur l’albul de Siegmund furent son dernier adieu au monde l. Le jeune homme le quitta déjà souffrant, et il apprit la mort, en arrivant à Francfort. Nous avons la lettre qu’il écrivit de là à sa mère. Bettine s’inquiétait de savoir si Goethe s’était souvenu d’elle, et ce qu’il en avait dit. Le fils peut lui répondre seulement que Gœthe l’a louée pour son talent :

— « ... Cela te semblera peu, très peu. Mais pas à moi. Si tu avais vu l’homme, comment il ne vivait déjà plus dans ce monde 1 2, mais y feuilletait comme dans un livre, tu lui aurais un grand merci quil se soit informé avec tant d’amitié de ce qui te concernait. .. »

Bettine avait appris la mort, par un entrefilet de journal, trouvé sur sa table, au milieu de la 1. C’était une dernière profession de foi d’individualisme :

— « Que chacun balaye devant sa maison, et tous les quartiers de la ville seront propres I # (« Ein jeder kehre vor seiaer Thür und rein ist jedes Stadtquartier. »)

2. Le jeune homme avait été saisi (erschüttert) par cette « apparition »... « Il semble maintenant, écrivait-il, appartenir à un autre monde, plus qu’à celui-ci ; et les tableaux de sa fantaisie paraissent lui faire oublier tout à fait par moments ce qui se passe ici-bas (das ïrdisclie). »