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BETTINE

pice Gœthe aurait-il pu obtenir d’elle ce sacrifice 1 ?

Elle y consent. Mais elle n’est point dupe tout à fait : dans sa réponse du 4 novembre, elle le lui laisse entendre :

— « Tu as toujours un motif pour m’écrire ! Mais je n’ai rien retenu en considération que la fin de ta lettre : « Liebe mich bis zum Wiedersehen ! » («■ Aime-moi jusqu’au revoir ! ») Si tu n’avais pas mis ces derniers mots, j’aurais peut-être pris garde à ce qui précède ; mais cette marque unique d’amitié m’a submergée... Mille douces pensées m’ont tenue captive, depuis hier au soir jusqu’à ce soir... Et maintenant, ce que tu demandes (exiges — verlangst ) a pour moi ce prix, que je l’estime digne de t’être donné... »

Alors, elle lui ouvre le sanctuaire de ses souvenirs. En les lui donnant, n’est-ce pas elle qu’elle donne encore ? Car, ainsi qu’elle dit, en une belle image dont on respire la sincérité profonde : « Je suis un jardin embaumé de ces souvenirs », (« ich bin ein duftender Garten dieser Erinnerungen »).

Et elle lui verse les brassées de fleurs du passé, qu’il devait replanter dans son Dichtung und Wahrheit.

1. Et je ne parle point de l’autre sacrifice : celui de l’écrivain. Bettine songeait à utiliser ces beaux souvenirs pour un livre qu’elle eût elle-même écrit. Mais c’était le moindre don, pour un cœur amoureux 1