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BETTINE

dans l’art de Goethe, ainsi qu’en une mer, des jouissances élémentaires) ; — elle l’entretient de musique, où elle montre un goût viril, pour la Medea de Cherubini, pour Y Iphigénie en Tauride de Gluck. Et, bien conseillée par son esprit et par son cœur, elle se fait le fournisseur de musique, pour la petite chapelle domestique de Gœthe ; elle lui envoie aussi des documents curieux ; elle sait, comme nulle autre femme de son cercle d’alors, intéresser son intelligence 1. Après la mort de Madame Aja (13 septembre 1808), les lettres de Gœthe se font beaucoup plus affectueuses. Maintenant que la mère est partie, Bettine demeure la seule qui possède la jeunesse oubliée de Gœthe — tout le trésor des souvenirs qu’elle a recueillis de la bouche de la vieille maman. Il lui dira, l’an suivant1 2 :

— « Tes lettres me font beaucoup de joie ; elles me rappellent le temps où j’étais peut-être aussi fou que toi, mais certainement plus heureux et meilleur que maintenant. »

Et le sourire voile à peine un regret, une mélancolie. La courbe de l’affection monte, dans les mois qui suivent : Gœthe ne résiste plus au torrent 3. Si bien que quand Bettine interrompt ses 1. Elle reçoit aussi et choyé à Francfort le fils de Gœthe (avril 1808).

2. 3 novembre 1809.

3. « On ne peut pas lutter avec toi, chère Bettine. Tu surpasses les amis en paroles et en acte, en gentillesse et en présents, en amour