sur le feu 1, — et quand la vieille dame eut transmis à son fils le récit des transports où il avait jeté Bettine, — Goethe fronça le sourcil, et il s’enferma dans un mutisme maussade. Aux premières lettres de Bettine, il ne répondit pas un mot. Ce mot qui ne venait pas, Bettine alla le chercher. Elle retourna à Weimar, du début de novembre 1807, et cette fois escortée d’une bande des siens, Clemens, Arnim, sa sœur Gunda, son beau-frère Savigny. Elle passe à Weimar dix jours ; elle voit Goethe, presque chaque jour ; et Goethe y prend plaisir. Bettine, qui s’en rend compte, se montre à son avantage ; elle a un charme naïf et primesautier, qui fait sourire, qui frappe et qui séduit ; elle s’abandonne aux élans de sa nature spontanée. Au cours de ces entretiens familiers, de ces promenades au bras de Goethe, l’intimité a fait de tels progrès que, quand la correspondance reprend, quelques semaines après, le « tu » est installé dans les lettres de Bettine et n’en délogera plus 1 2. 1. * Tu es ma fille. Que mon fils soit ton frérel... Certainement, il t’aime... »
2. Le <i tu » s’essayait timidement déjà, à la fin de la lettre du 6 octobre 1807, que je rappelais tout à l’heure, — dans la signature, où le « vous » et le « tu » se mêlent, avec un trouble enfantin :
— a Euer Kind, Dein Herz und gut Màdchen, das den Gôthe gar zu lieb hat, allein über ailes lieb hat, und sich mit seinem Andenken über ailes trôsten kann. »
k Mais le « tu » n’est à demeure qu’à partir des lettres de décembre 1807.