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BETTINE

fille de Gœthe — («■ das Kind r>) 1 ? — Sûrement, qu’elle était la fille de l’amour de Gœthe, et que cet amour était, sous sa forme mortelle, renvoyé de la tombe à l’aimé, à l’amant.

Cette folie amoureuse sut trouver sur-le-champ le milieu où elle pouvait le mieux s’épancher. Dans le même mois où le secret de ces lettres venait de lui être livré, elle se précipite chez Madame Aja, la mère de Gœthe, qui était aussi folle qu’elle, quand elle parlait de son petit — ce petit dont elle était implacablement sevrée — séparée par la distance de Francfort à Weimar — quelques heures — une éternité... Les deux amoureuses ensemble, la jeune et la vieille, toutes deux pleines de chimères, toutes deux le cœur chaud, s’aimèrent en l’amour du dieu. Et la vieille, intarissablement, déversait dans l’oreille de la jeune, le ruisseau de ses bavards et exultants souvenirs de l’enfant Gœthe, que Bettine buvait, comme une terre avide. On pense si, à un tel régime, l’idée fixe s’implanta et fleurit ! Au printemps suivant, a lieu sa première visite à Gœthe (23 avril 1807)... Ce n’était point facile, 1. Elle n’a pas seulement scellé de ce mot de « Kind » la correspondance qu’elle a publiée avec Gœthe : « Briefwechsel Gœlhes mit einem Kinde ». — Elle l’emploie, dès ses premières lettres : « Euer Kind, Dein Iierz und gut Màdchen ». — Plus tard, quand elle s’éprend spirituellement de Schleiermacher, elle se nomme aussi son « enfant », elle lui demande son amour paternel. — Toujours la hantise du père est mêlée dans l’âme de Bettine à ses plus grands amours — en toute pureté de cœur»