Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/232

Cette page n’a pas encore été corrigée
212
GŒTHE ET BEETHOVEN

les papiers de Bettine, sous la garde jalouse de son second fils Siegmund, ami de jeunesse de Bismarck et ultra conservateur, qui ne laissait aucun regard profane pénétrer dans son trésor, admit, après la mort de celui-ci, les patientes recherches de quelques privilégiés, collationnant la correspondance de Bettine avec Goethe 1. Mais des monceaux de lettres, esquisses et brouillons demeuraient intouchés. En 1929, tout a été vendu. Et, bien que l’opinion publique allemande, émue de cette dispersion, ait suscité des libéralités particulières qui ont permis de racheter presque aussitôt et de regrouper le noyau des documents

— (tout ce qui a Gœthe pour centre) — une quantité de manuscrits se sont envolés à tous les vents ; et les catalogues des « Antiquariats » ont permis d’entrevoir des coins inaperçus de l’énigme Gœthe-Bettine. Un pan du rideau s’est entr’ouvert, notamment sur ces journées de Teplitz, en août 1810, dont je parlais dans mon premier Essai, et qui ont dû laisser dans l’esprit de Bettine un trouble plus profond qu’il n’était prudent à Gœthe de le provoquer.

Avant de reproduire ici un texte fort intime, sur lequel il me semble que la piété des Gœthéens a laissé retomber le voile, à peine soulevé, je 1. Nous y avons dû les deux publications capitales de Rheinliold Steig et de Fritz Bergemann : a Bettinas Leben und Briefm svechsel mit Gœthe », 1921 et 1927.