d’un bâton de mesure, pour diriger les répétitions théâtrales. En ce temps là, comme Schiller, par réaction contre le naturalisme, il voulait que la tragédie prît pour modèle l’opéra. Il voulait que la troupe de comédiens fût un orchestre, où chaque instrumentiste se subordonne à l’ensemble et y exécute sa partie, ponctuellement. « Nul n’a Vidée, dit Wilhelm Meister aux comédiens l, de se faire honneur (dans la symphonie), en accompagnant à grand bruit le solo d’un autre ; chacun cherche à jouer dans le sentiment et dans l’esprit du compositeur, et à bien rendre la partie qui lui est confiée, quelle soit ou non importante. Ne devrions-nous pas travailler avec la même précision, avec la même intelligence, nous qui cultivons un art bien plus nuancé que toute espèce de musique, puisque nous sommes appelés à représenter, avec goût et agrément, ce qu’il y a de plus commun et de plus rare dans la vie humaine ? » A présent que Wilhelm se trouvait, par la faveur princière, maître de Philine et de la troupe
— (il s’en flattait ! mais ce ne fut pas pour longtemps : Philine coucha avec le prince, et la troupe lui rit au nez) — il entendit appliquer son vœu. Il dirigea ses comédiens, comme un Kapellmeister ses chanteurs et son orchestre 1 2. Il imposait 1. Lehrjahre, IV, 2.
2. Je pourrais ajouter : ses chœurs. Une de ses principales préoccupations était en effet le chœur dans la tragédie. Il en avait subi la puissante attraction, par la tragédie grecque et par Hændel