Page:Rolland - Beethoven, 2.djvu/218

Cette page n’a pas encore été corrigée
198
GŒTHE ET BEETHOVEN

Que de renoncements !... Et là, près de lui, Betthoven, qui eût été si heureux de travailler avec lui et pour lui, de mettre en musique Faust1, d’écrire, sous sa dictée, un oratorio Haendelien ! Le dernier coup fut, en février 1816, lorsque, voulant donner à Weimar, sur son théâtre, un Festspiel avec musique pour la victoire allemande : Des Epimenides Erwachen (Le réveil d*Epiménide), les musiciens — ses musiciens

— se moquèrent de l’œuvre et de lui ! Et ils n’eurent même pas la pudeur de le lui cacher. Gœthe fut ulcéré. Il déclara qu’à dater de ce jour, il ne tolérerait plus à Weimar la représentation d’aucune œuvre musicale nouvelle composée sur ses poèmes. — Et ce fut la fin de quarante années de laborieux efforts, pour marier sur le théâtre sa poésie à la musique. Défaite complète et humiliée 1 2.

Mais si le théâtre lui était refusé, si lui-même, fatigué, déçu, ne consentait plus à assister, que de loin en loin, à une représentation, il n’avait pas renoncé à son rêve. Moins que jamais : car il le 1. J’ai dit plus haut que, dès octobre 1808, Beethoven cherchait en vain un poète qui lui adaptât Faust, au théâtre. 2. Quand son fidèle comédien Genast prend congé de lui, peu avant que Gœthe soit lui-même forcé de prendre son congé, il reçoit de Gœthe ces deux vers sur un dessin : « Zur Erinnrung trüber T âge,

Voit Bemühen, voiler Plage. »

(« En souvenir de troubles jours, pleins de peines, plein9 de tourments. »)