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GŒTHE MUSICIEN

peut introduire la musique dans la pièce. Go !h ? patiemment, tâche à lui expliquer le poème, lui met le doigt sur les battements du cœur de la musique, essaie de faire passer en lui la vibration hallucinée qui parcourt l’atmosphère de la chambre magique, quand Faust ouvre le livre de Nostradamus... Eberwein ne comprend pas1... Gœthe renonce... (printemps 1815).

Et c’est l’année suivante, le grand projet, dont j’ai parlé, d’un oratorio qui fasse pendant au Messie 1 2 : Zelter en doit écrire la musique, pour le jubilé de la Réformation. Mais la réalisation d’une telle œuvre est tellement improbable ! Zelter est tellement incapable de l’écrire !... Gœthe renonce... (1816) 3.

1. Quatorze ans plus tard (en 1828-1829) — enfin ! Eberwein comprit. Pour le quatre-vingtième anniversaire de Gœthe, il fit jouer un Faust en musique, dont on donna des représentations, jusqu’après 1870. Bode en publie quelques fragments, dans son second volume, p. 294-307. Cela ne vaut pas cher ! 2. A noter qu’il venait de refuser à Zelter de lui écrire un Samson. Et il l’avait fait, avec colère. Il ne voulait pas, disait-il, de ces Juifs sur la scène, et particulièrement pas de celui-là, avec « sa passion bestiale pour une charogne I » (a die ganz bestialische Leidenschaft eines überkrdjtigen, gottbegabten Iielden zu dem verfluchtesten Luder, das die Erde tràgt. t>) — Il ne connaissait pas encore la peinture magistrale que Hændel avait brossée de l’enjôleuse.

3. Deux autres projets du même temps : — un fragment dialogué avec chœurs : Der Lôwenstuhl (1814), qui a quelque couleur romantique, — et un sujet persan, conçu dans l’atmosphère du Divan : Feradeddin und Kolaila (1816).