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GŒTHE ET BEETHOVEN

mezzi entièrement chantés, des opéra buffa. Pendant cinq ans, de 1784 à 1789, il s’acharnera à un Intermezzo à trois personnages : Scapin, Scapine et le Docteur : « Scherz, List und Rache ». Il entretiendra, à ce sujet, avec Kayser, une correspondance presque aussi étendue qu’avec Schiller, au sujet de Wilhelm Meister. De toute évidence, ses intentions dépassent infiniment l’importance de l’œuvre. Il veut créer en Allemagne un type nouveau d’art dramatico-musical, et pour son coup d’essai, il veut un coup de maître. Mais sans compter qu’il n’est pas du tout secondé et qu’il lui faut faire à la fois le métier de son musicien et le sien propre, c’est un métier qu’il ne connaît point et qu’il apprend : « Fit fabricando faber ». Malheureusement, sa science acquise en route arrive trop tard, pour constater les erreurs, quand elles sont faites. L’apparition de Mozart, que lui révèle en 1785 l’Enlèvement au Sérail, lui ouvre les yeux sur ses faiblesses. Sans toutes les réflexions de Gœthe,

— d’instinct, de verve, de génie, Mozart avait jeté sur la scène allemande une comédie musicale, étincelante de joie et baignée de sensibilité, comme un jour de printemps, pluie et soleil. Gœthe alors découvre l’implacable sécheresse de la perfection intellectuelle qu’il a conçue, dans son œuvre trop étudiée : trois seuls personnages pour quatre actes, et tous les trois, des fripons. Maintenant, il envisagerait sept personnages et