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GŒTHE ET BEETHOVEN

grès1 ! Il y a consacré un nombre d’heures et de jours, une somme de recherches et d’efforts, objet. Et toujours échouant, il n’a jamais renoncé. Il a tour à tour tenté ou projeté toutes les formes de théâtre musical. — A peine au sortir de l’enfance, en 1766, il écrit un libretto d’opérette italienne : La Sposa rapita 3. Puis, c’est le Sings- 1 21. Cette curieuse passion pour les libretii persista jusqu’aux toutes dernières années. En 1828, il s’amusait à refaire le libretto du Moïse de Rossini. Il eût voulu refaire son Tancrède en favola boscareccia, dans la couleur de Poussin. Un mois avant sa mort, en février 1832, il dictait un long Essai sur les poèmes de Jouy, librettiste de Spontini. Il se passionnait pour les poèmes de Haendel, et ne pardonnait pas à Weber ceux d’Euryanthe et d’Oberon. Làdessus entente parfaite avec Beethoven. Et pour tous les deux, le meilleur poème d’opéra était Le Porteur d’eau, mis en musique par Cberubini.

Jamais il n’eût voulu juger d’un opéra, indépendamment du poème. Le poème d’abord...

— « Je ne vous comprends pas, bons enfants / s’écrie-t-il en 1828 ; comment pouvez-vous séparer le sujet de la musique, et jouir de chacun des deux en soi ?... Je vous admire I Comment vos oreilles sont-elles en état de déguster l’agrément des sons, tandis que le plus puissant des sens, l’œil, est martyrisé par l’absurdité du sujet !... » (Il aurait pu dire, au lieu de l’œil : la raison : — et c’est bien de la raison qu’il s’agit dans la suite de l’entretien. Mais c’est qu’en fait, l’œil était, chez Goethe, l’organe de la raison.) Il disait vrai. Mais c’est que la plupart des musiciens ont très peu d’œil et encore moins de raison ! On ne le leur reproche pas. Qu’ils aient de longues oreilles ! Mais rien ne les force à mettre leur musique en opéras — c’est-à-dire à martyriser les yeux et le bon sens. J’approuve absolument Goethe. Et je sais que Beethoven eût crié : « Bravo : »

2. La plus curieuse de ses œuvres musicales de première jeunesse est un « Concerto dramaiico composta dal. Sigr. Dottore Flamd’un meilleur succès et d’un meilleur