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GŒTHE MUSICIEN

Enfin, pour Weber, il y a, au fond de son incompréhension, cette antipathie personnelle — physique et morale — que j’ai signalée plus haut. Et l’intolérance du vieillard au vacarme des cuivres et des instruments de percussion, dans les orchestres nouveaux. Même Spontini, à qui il témoignait une estime particulière, l’inquiétait par la bruyante orchestration de sa Vestale. — « Ce bruit, avouait-il à Christian Lobe, m’épuise. » (« mich bald ermüdet »). A quoi Lobe répondait que l’on s’y habitue, comme on s’est habitué à Mozart, qui d’abord fatiguait. — « Il faut pourtant, dit Goethe, quil y ait une limite au delà de laquelle cn ne peut aller sans que l’oreille se révolte. » — « Certainement, il y en a une, réplique le jeune homme. Mais le fait qu’une grande partie du public supporte maintenant la musique de Spontini, semblerait bien prouver que la limite na pas encore été franchie. » Et Gœthe, mis en face du fait, s’incline : — « Es mag sein » (« Cela peut être »). Mais au fond, tout est là ; et c’est, la raison secrète des « Dignus intrare » qu’il accorde, ou refuse, aux œuvres de la musique nouvelle : — a II y a pourtant une limite... » — Oui. Mais où est-elle ?... Rien de plus naturel que le vieux Gœthe trouve, en 1829, avec son vieux Zelter, que, cette limite, la nouvelle musique l’a passée,