Oui, quand Schubert, qui venait de débuter, en 1814, à dix-sept ans, et qui dès l’année suivante, mettait en musique une douzaine de poésies de Goethe, écrivait son admirable Roi des Aulnes, en 1816,, et, cette même année, faisait demander par son ami Spaun à Gœthe l’autorisation de lui dédier cette œuvre, Gœthe ne répondit pas. Mais il ne lisait pas la musique. Non qu’il ne le pût. Mais il n’avait pas le temps. Et qui lui fit entendre celle-là ? Qui connaissait, en 1816, le nom de Schubert ?
La méconnaissance est plus grave, dix ans après, quand, le 16 juin 1825, Gœthe reçoit, (le meme jour qu’un quatuor de Mendelssohn), la grandiose mélodie : An Schwager Kronos, escortée de ces deux autres : An Mignon, Ganymed, avec une humble dédicace de Schubert. Gœthe marque avec satisfaction l’envoi de Mendelssohn, qu’il aime personnellement. Mais il ne répond pas à l’envoi de Schubert. Est-il inexcusable ?
Le meilleur musicien de Weimar, Hummel,
ne découvrira Schubert qu’en 1827. Et Marianne de Willemer qui, toujours en avance, avait goûté vivement les lieder du « Divan » et en avait parlé à Gœthe, n’avait oublié qu’un détail dans sa lettre : c’était d’en nommer le compositeur !
Cependant, nous allons avoir la preuve qu’entre 1825 et 1830, Gœthe entendit quelques-uns des plus célèbres lieder de Schubert, et que son pre-