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GŒTHE ET BEETHOVEN

« Mehr Ausdruck der Empfindung als Mahlerey. » Bien plus ! Gœthe reconnaît hautement à la musique le privilège d’outrepasser la raison, de pénétrer dans les régions où la parole et l’intelligence analytique n’ont point accès. Et il lui en fait gloire. Dans ses Entretiens sur le Démoniaque (« das Dâmonische ») avec Eckermann, après avoir parlé de cette poésie inconsciente (ou subconsciente ) où l’intelligence et la raison ne suffisent plus, il ajoute : « Desgleichen ist es in der Musik irn hôchsten Grade, denn sie steht so hoch, dass kein Verstand ihr beikommen kann, und es geht von ihr eine Wirkung aus, die Ailes beherrscht und von der Niemand imstande ist, sich Rechenschaft zu geben. » « Il en est de même, au plus haut degré, dans la musique : car elle se tient si haut qu’aucune raison ne peut en approcher ; et elle produit des effets qui dominent tout et dont personne n’est en état de se rendre compte 1. » N’est-ce pas la confirmation de la profession de foi exaltée de Beethoven à Bettine 1 2 : « La musique est Vunique, Vimmatérielle entrée dans un monde plus haut du savoir, dont Vhomme est enveloppé, sans quil puisse le saisir ! » 1. 1831. 2. Et de l’étrange lettre de Bettine à Gœthe, vers Noël 1810, dont je donne la traduction en appendice.