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GŒTHE MUSICIEN

Bach (1825) ; tantôt il questionne avidement Zelter sur les Couperin et l’influence qu’on leur prête sur Jean-Sébastien (1827) ; tantôt son génie anthropocentrique, qui toujours cherche à ramener les principes des arts et des sciences aux lois de l’organisme humain et de sa sensibilité l, — étudiant les rapports du corps et de l’espr t dans la musique — relève, à propos de Jean-Sébastien Bach, l’importance du pied et de la main 1 2.

Sa vue s’étendait bien au delà de Jean-Sébastien et de cet âge pré-classique, que connaissaient si peu, non seulement des littérateurs, mais des musiciens de son temps. Elle embrassait la polyphonie vocale du xvie siècle. Il en avait découvert la beauté, clans son séjour à Rome, pendant le carême 1788, à la Sixtine ; et son ami Christoph Ivayser l’avait aidé à la comprendre. Ils avaient entendu ensemble, assidûment, les chants a capella de Palestrina, Morales, Allegri. 1. « L’homme en soi, dans la mesure où il se sert de ses sens sains, est l’appareil de physique le plus puissant et le plus exact qu’on puisse trouver... » (Lettre de 1808 à Zelter, dont je reparlerai plus loin). — Toujours Goethe a combattu l’esthétique des mathématiciens et physiciens, qui s’appuient sur des instruments artificiels, sans se soucier du plus parfait des instruments : l’homme vivant. 2. Goethe avait été ravi d’apprendre, à l’appui de sa théorie, que les contemporains de J. S. Bach s’étonnaient de l’adresse et de l’agilité de ses jambes, à l’orgue. Et Zelter, goguenardant avec la manie de son grand ami, disait : « Sans pieds, Bach n’eût pas atteint à la hauteur de son esprit. »