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GŒTHE MUSICIEN

comique, avec son haut-de-forme posé de travers sur une face poupine, était un passionné de Bach. Du dernier élève de Jean-Sébastien, Kittel à Erfurt, il avait acheté des liasses de musique manuscrite. Il la jouait à Gœthe, qui, sur-le-champ, fut conquis, et le resta jusqu’à la fin : ce qui démontre le sérieux de sa nature musicale. Il ne se lassait pas du Clavecin bien tempéré. Toujours il redemandait à Schütz des préludes et des fugues. Il comparait celles-ci à « des œuvres de mathématiques illuminées, dont les thèmes sont si simples et les résultats poétiques si grandioses 1 ». Dès lors, Schütz et Gœthe se virent constamment. Soit l’un, soit l’autre allait trouver l’ami, à la ville voisine. Et aussitôt, le piano se rouvrait ; et chantait l’intarissable flot de la raison inspirée. En 1818, pendant trois semaines, Gœthe se fit jouer cette musique, trois à quatre heures par jour. Pour exprimer le bien-être parfait, il disait :

« Je me mets au lit, et Schütz me joue du Sébastien. »

La nuit était parfois très avancée, avant que Schütz eût fini. Gœthe, Zelter et Schütz échangeaient entre eux des cadeaux Bachiques : des exemplaires des Chorals et du Clavecin bien tempéré. Et — ne l’oublions pas ! — l’Achate de

1. Eduard Genast : « .4us Weimars klassischer und nachklassischer Zeit. »