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GŒTHE ET BEETHOVEN

Serait on donc en droit de dire qu’en Beethoven il a fui ce qu il était — ce qu’il ne voulait pas être ?...

Il a cultivé chez lui, dans sa chapelle, dans sa maison, la gaie musique profane (surtout le chant populaire) et la virile musique religieuse. Il goûtait aussi le quatuor à cordes : la forme de musique instrumentale qu’il préférait. En cela, il se trouvait encore d’accord avec Beethoven, dont la nature essentielle s’est, du commencement à la fin, exprimée par le quatuor... Le quadrige sied à Apollon... Ce que Gœthe y appréciait était un plaisir de raison :

« On entend, écrivait-il à Zelter, quatre gens de bon sens qui s’entretiennent entre eux ; on a le sentiment quon gagne quelque chose à leurs propos, et on apprend à connaître l’individualité de chacun 1 ».

Il répugnait, en revanche, aux violents ébranlements produits sur l’organisme par la musique instrumentale nouvelle. Il devait y voir un attentat à la liberté de l’esprit, qui est violé brutalement par surprise. Tout ce dont l’esprit ne peut se rendre un compte exact, tout ce qu’il confondait sous le nom de « Meteorisches », lui était suspect, sinon ennemi. Il est probable que, sous ce exalte) », écrivait-il déjà, quarante ans avant, en 1787, pendant sen voyage en Italie, où le sentimentalisme douceâtre de l’Opéra séria l’assommait.

1. 9 novembre 1829.