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GŒTHE MUSICIEN

somme d’énergie, et particulièrement, les forces de la raison : l’ordre, la clarté de l’esprit, le sens de l’éternel, le mépris du mesquin — du rien. En cela, il est consanguin à Hændel. Que n’eussent-ils pas fait, à eux deux, l’Apollon de Weimar et l’Héraklès anglais ! Si, d’une telle préférence, Beethoven a souffert, il eût été pourtant le premier à l’approuver. Il ne tenait pas qu’à lui qu’il ne marchât sur le chemin de Hændel. C’était un idéal, pour lequel il soupirait, mais que les tourments de sa nature lui avaient refusé d’atteindre. Et ne nous y trompons pas ! Pour Gœthe aussi, Hændel était un idéal, dont la bienheureuse plénitude et la sérénité ne l’attiraient tant que parce qu’il ne les possédait point. Lui-même l’a dit au chancelier von Miiller. Se comparant et s’opposant à Napoléon qui aimait seulement la musique tendre et mélancolique, parce qu’elle était son contraire et son complément, Gœthe dit que les mélodies molles et sentimentales le dépriment : « J’ai besoin de musiques vives (frische ) et énergiques, pour m empoigner et me soulever. Napoléon, qui était un tyran, avait besoin de douceur en musique. Moi, justement parce que je ne suis pas un tyran, j’aime la musique vive, gaie, exaltante (rauschende, lebhaftere, heitere). L’homme aspire toujours à ce qu’il n’est pas l. » 1. 24 juin 1826 :

« J’aime toujours plus dans la musique daa Aufregende (ce qui