dans les saintes émotions de l’art et de la pensée.
Goethe, dont le prestige grandit considérablement en ces années, et qui avait conscience que a noblesse oblige », ne concevait rien pour son usage personnel, qui ne dût servir à la société qui l’entourait, — et par elle, par l’exemple de son Weimar, à toute l’Allemagne. Deux mois après la fondation de sa chapelle, il la présente à un cercle d’élite ; — le mois suivant, à la cour ; — et plus tard (22 février 1810), à toute la ville. Très modeste à l’origine, cette chapelle se réduisait à un Gescingverein à quatre voix, dont le jeune violoniste et compositeur Karl Eberwein ne tarda pas à prendre la direction. Le répertoire, qui s’accrut rapidement, avait pour fonds la grande musique religieuse italienne et allemande : Jommelli, Joseph Haydn, Mozart, Fasch, Salieri, Ferrari, (offertoires, motets, canons, chants d’église), ainsi que des lieder de Zelter, Reichardt, Eberwein. On y introduisit même des Messes et des fragments d’oratorios. Naturellement, l’influence personnelle de Goethe se faisait beaucoup plus sentir dans l’exécution des lieder et des compositions humoristiques : car là, le poète et l’homme de théâtre devait établir ses droits ; il dictait les tempi et le mode de déclamation.
Mais dans l’un et l’autre genres, religieux ou profane, il était une loi morale que Gœthe impo¬