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GŒTHE MUSICIEN

— « C’est pour moi, dit-il une fois, comme si j’entendais de loin bruire la mer. » (« Es ist mir, als wenn ich von ferne das Meer brausen hôrte »). Et c’est presque exactement le mot de Beethoven, écoutant J. S. Bach : — « Ce n est pas Bach (ruisseau), mais Mer qu’il devrait s’appeler... » (Nicht Bach, sondern Meer sollte er heissen wegen seines unendlichen, unausschôpfbaren Reichstums von Tonkombinationen und Harmonien x). Goethe n’est pas seulement envahi par ces immenses nappes musicales. Il admire la beauté architecturale des oratorios. Dans ses trois dernières années, il ne se lasse pas d’étudier la construction du Messie, de Samson et de Judas Macchabée (1829-1832). A la fin de 1785, une nouvelle étoile s’est ajoutée à son firmament : Mozart. Il entend, pour la première fois, à Weimar, Y Enlèvement au Sérail. Et c’est un enchantement ; mais c’est aussi un coup droit qui le frappe en pleine poitrine : car il s’épuisait alors, avec Kayser, à chercher une forme de comédie musicale. D’un trait, Mozart fauche tous ses essais, en réalisant ses espoirs, et au delà. 11 n est pas assez mesquin pour lui 11. à Karl Gotllieb Freudenberg, 1825.