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GŒTHE MUSICIEN

dant qu’il travaille à ïphigenia. De même, au temps où il écrit Epimenides, vers 1815-1816, il recourt à la musique, pour évoquer les génies. En 1820, il écrit : « Je puis toujours mieux travailler, quand j’ai entendu de la musique. » Qu’il ait composé lui-même, n’est pas douteux ; et même, il écrivait naturellement à plusieurs parties. En voici un exemple curieux : Pendant l’été 1813 — 1’ année après sa rencontre avec Beethoven — étant seul en Bohême et dans une disposition d’esprit tourmentée, il médite longuement sur les mots immortels d’espoir désespéré : « In te Domine speravi et non confundar in aeternum. » Il les met en musique, et écrit le chant à quatre voix. L’hiver suivant, relisant sa composition, il demande à Zelter de mettre les mêmes paroles en musique à quatre parties. L’ami complaisant obéit. Et Goethe, comparant les deux œuvres, écrit à Zelter (23 février 1814) que cet examen l’a éclairé sur sa propre personnalité musicale : sa composition lui rappelle le style de Jommelli : (ce n’était point si mal !) Il ajoute « quon est étonné et réjoui de se trouver par hasard sur de pareils chemins : on prend ainsi conscience de sa propre vie souterraine » («Nacht wandeln » : nous aimerions à dire : de sa « marche dans la nuit1 »).

Mais il avait un trop haut sentiment de l’art 1. Le sens exact est : « Somnambulisme ».