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LE SILENCE DE GŒTHE

formes de tous les temps. En 1818, Schütz de Berka, pendant trois semaines de suite, lui joue, trois à quatre heures par jour, les œuvres pour clavier allemandes, depuis Lïaendel et J. S. Bach jusqu’à Beethoven. En 1830, Mendelssohn, sur sa demande, lui joue, pendant une quinzaine, tous les maîtres classiques, depuis le début du xvme siècle, jusqu’aux « grossen neuern Technikern », dont il lui donne, écrit Gœthe à Zelter, des « hinreichende Begrijfe ». Et, parmi ces « grands nouveaux techniciens », nul doute que Beethoven n’occupe la place d’honneur 1.

Cette place, je suis convaincu que Gœthe ne la lui contestait pas. J’ai d’ailleurs rappelé que, dans toutes les questions techniques intéressant un art qui n’était point le sien, Gœthe avait la loyauté de s’incliner devant le jugement de ceux qu’il reconnaissait comme plus compétents que lui. Or, vers 1825, je ne vois plus un musicien d’importance dans le cercle de Gœthe — Rochhtz, Schütz, Mendelssohn, Lobe, Tomaschek, Rellstab, Zelter lui-même — pour qui le génie musical de Beethoven ne fût pas l’évidence, quelles que fussent les critiques qu’ils lui adressaient. ..

Alors ?...

1. Rochlitz projetait d’organiser à Weimar une série beaucoup plus vaste encore de conférences avec musique sur les cinq périodes principales de la musique, en Allemagne et en Italie, depuis trois siècles. Le choléra de 1831 empêcha la réalisation de ce plan.