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GŒTHE ET BEETHOVEN

Mais on n’a pas assez remarqué qu’à ces fêtes sacrées, Beethoven a eu sa place, largement. Le 27 octobre, dans la maison de Goethe, on joue un trio de Beethoven. Le 4 novembre, au grand concert donné dans le Stadthaus en l’honneur de Szymanowska, Beethoven figure deux fois : c’est lui qui ouvre le concert, avec sa quatrième Symphonie en si bémol. Et après l’entracte, c’est lui encore qui ouvre la seconde partie, avec le quintett op. 16 pour piano, hautbois, clarinette, cor et basson. Il a donc eu la part du lion. Et sans qu’il mentionne son nom, Goethe avoue à Knebel qu’ a à présent qu il est de nouveau emporté dans le tourbillon des sons » (« da bin ich nun wieder in den Strudel der Tône hineingerissen »), l’enchanteresse lui a ouvert ce nouveau monde, cette musique moderne à laquelle il se refusait («. durch Vermittlung eines Wesens, das Genüsse, die man immer ahndet und immer entbehrt, zu verwirklichen geschaffen ist »).

Veut-on mesurer la violence de l’émotion qui a soulevé ce vieux cœur, en ces journées ? — Le leur ; ainsi il continue de vivre en nous et de créer. Il n’y a point de passé, vers lequel le désir aspire à retourner ; il y a seulement un éternel nouveau qui se forme des éléments élargis du passé I Le vrai Désir (die echte Sehnsucht) doit toujours être créateur (produktiv) et engendrer un nouveau meilleur... Et, (ajoute-t-il) c’est ce que nous avons éprouvé ces jours-ci. Nous avons été, au plus profond de nous, rafraîchis, améliorés, élargis, par cette noble apparition. Non, elle ne peut plus disparaître de nous, elle est passée dans notre moi le plus intime, elle poursuit sa vie avec nous. »