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GŒTHE ET BEETHOVEN

brasser 1. La bonne humeur de Hummeî n’en fut jamais entamée. De 1804 à 1811, il fut remplaçant puis successeur de Haydn, chez le prince Esterhazy, à Eisenstadt ; et quand, en 1807, Beethoven vint faire exécuter à Eisentadt sa Messe en ut, un sourire malicieux de Hummel, en entendant son prince s’exlamer : — « Mais, cher Beethoven, qu est-ce que vous nous avez encore fabriqué là ! » — lui valut, par ricochet, les foudres que Beethoven ne pouvait décharger sur le crâne princier. L’honnête Schindler, qui n’avait pas le mot pour rire, en a conclu à tort qu’ils restèrent brouillés. Ils le furent si peu qu’au temps de « la Bataille de Vittoria », en 1813-1814, on retrouve Hummel dirigeant gaillardement les tambours et canons, dans l’armée musicale de son belliqueux ami ; et celui-ci lui adresse de facétieuses proclamations Napoléoniennes. Hummel demeure l’ami fidèle, qui, à peine a-t-il appris la dernière maladie de Beethoven, fera le voyage 1. C’est à Hummel que s’adressaient les deux billets si connus, écrits coup sur coup (en 1798) :

— « Ne viens plus chez moi ! (Littéralement : « Qu’il ne vienne plus chez moi ! ») Tu es un failli chien. Que l’écorcheur emporte les faillis chiens 1 »

— « Mon petit cœur de beurre t (Ilerzcns-Nazerl !) Tu es un loyal garçon et tu avais raison, je le vois maintenant ; alors viens cette après-midi chez moi. Tu trouveras aussi le Schuppanzigh, et à nous deux nous te frotterons, brosserons, et secouerons (trüft’eln, knüiîeln und schütteln), que tu en auras une jubilation. — Je te biche. Ton Beethoven, dit meule à farine (Melhschôberl) #.