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GŒTHE ET BEETHOVEN

— « Ici, ÿ ai indiqué que la musique doit accompagner Vassoupissement du héros. Et Beethoven est entré dans mes vues, avec un génie admirable ». (Beethoven ist mit bewunderswerthem Genie in meine Intentionen eingegangen.)

L’année suivante, le poète Ludwig Rellstab, grand admirateur de Beethoven 1, s’entretient avec Goethe (fin octobre 1821) :

« Nous parlâmes souvent de Beethoven, quil connaissait personnellement. Il était fier de posséder des manuscrits de lui. A cette occasion, il fit venir le Geheimrat Schmidt, qui dut jouer une sonate de Beethoven * 1 2. »

Ainsi, la musique de Beethoven n’était nullement proscrite du salon de Goethe, comme on l’a souvent dit. En voici un second exemple : su thun. » (« La musique est la pure irraison, et la parole n’a affaire qu’avec la raison. ») — Il ajoutait que Schiller avait « le tic » de vouloir faire « parler en musique », par exemple dans la Pucelle d’Orléans, mais que lui, Gœthe, y était toujours opposé. Humboldt l’entendit souvent s’exprimer catégoriquement à ce sujet. (Nous reviendrons sur ce point qui mérite d’être commenté : car Gœthe entendait bien ne pas se priver de la musique, mais l’incorporer à la poésie, qui était pour lui une musique supérieure. Voire notre Essai III sur « Gœthe musicien ».) En tout cas, ce n’a pas été une petite victoire de Beethoven, que Gœthe ait dû convenir publiquement que le musicien avait «t admirablement pénétré ses intentions », dans le monologue d’Egmont. 1. C’est lui qui baptisa la Sonate op. 27, n° 2, du nom de <t Clair de Lune. »

2. « Le conseiller de gouvernement de Weimar, Schmidt, admirateur passionné de Beethoven jouait toutes ses sonates avec jeu et facilité (sic) ; il en savait une grande partie par cœur » (Rellstab).