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GŒTHE ET BEETHOVEN

« ... si je dois être loyale, je voudrais que Beethoven écrivit des mélodies pour ces magnifiques poèmes ; il les comprendrait entièrement ; ou qui donc les comprendrait ? (Sonst niemand). J’en ai eu le vif sentiment, cet hiver, quand j’ai entendu la musique d’Egmont : elle est céleste (himmlisch) ; il vous a tout à fait pénétré. Oui, on peut presque dire que le même esprit qui anime (beseelt) vos paroles, vivifie (belebt) ses sons (Tône) L » Goethe répond 1 2 avec intelligence et amabilité que, le plus souvent, la composition musicale des lieder produit un quiproquo ; rarement le poète est compris, et l’on y apprend seulement à connaître le Stimmung du compositeur. « ... Cependant, ajoute-t-il, j’ai trouvé aussi maintes œuvres précieuses, où l’on se voit indéfiniment reflété (vielmal abgespiegelt), ou resserré ou élargi, rarement tout à fait net. Beethoven a, en cela, fait des merveilles... » (Beethoven hat darin Wunder gethan).

L’éloge est équivoque ! Il semble que Gœthe se retrouve chez Beethoven, dans un miroir grossissant (pour ne pas dire dans une boule de jardin) ! Marianne ne s’en contente pas. L’année suivante, elle revient à la charge. A propos du retour du printemps, elle écrit :

— « Si vous voulez rendre encore plus intense 1. 26 juin 1821.

2. 12 juillet 1821.