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GŒTHE ET BEETHOVEN

œil sourcilleux et ne permettant point les familiarités. A dater de ce jour où Beethoven a touché au prestige du dieu, Rahel et Varnhagen ne connaissent plus Beethoven. Rahel fait le silence sur lui, dans son journal A

e silence ; L’arme mortelle. La

grande arme de Goethe. Il avait pu en donner des leçons à sa Minerve. Lui aussi, il se tait, il ne nomme plus Beethoven, pendant bien des

années. En 1813, Zelter qui découvre (enfin !) l’ouverture à’Egmont 1 2, en parle à Gœthe. Gœthe ne répond pas 3. Et Zelter qui, peu à peu, 1. L’observation est de Kalischer (Beethoven und Berlin). Je l’ai vérifiée, dans les écrits de Rahel avec d’autant plu3 d’étonnement qu’elle parle souvent de musique et de tous les musiciens, le seul Beethoven excepté. D’autre part, son mari Varnhagen, pour qui elle est la Loi et les Prophètes, exprimait jusqu’en 1812 une admiration sans bornes pour Beethoven (lettre à Uhland, 1811). A partir de 1812, lui aussi se tait, docilement. Il s’écarte, il ne le nomme plus qu’en passant. 2. Mais il ignore encore que Beethoven ait écrit d’autre musique sur la pièce !

3. Le 29 janvier 1814, enfin ! première représentation à Weimar d’Egmont avec la musique. Gœthe marque dans son journal : t Abends, Egmont... »

Il n’a pas inscrit le nom de Beethoven. Et tandis qu’il s’est étendu loguement, dans ses lettres, sur