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BEETHOVEN

•—- Le 6 octobre 1802, Beethoven écrit son Testament de Ileiligenstadt. Mais cette lettre tragique marque beaucoup plus le faîte de la crise de passion — (et la courbe retombe après) — que le début du désespoir. De plus, dans cette douleur, l’amour déçu ne tient que la seconde place ; et la vraie tragédie est dans son état de santé, qu’il sait maintenant incurable.

Il n’était donc pas sans avoir vu les difficultés, sinon l’impossibilité, d’un mariage avec Giulietta, même au temps où il se croyait aimé d’elle h La déception qu’elle lui préférât Gallenbcrg, si amer que ce fût, ne pouvait être pour un homme jeune encore et débordant de forces une catastrophe, comme le fut, dix à douze ans plus tard, le renoncement forcé à « U Immortelle Aimée », •— son dernier havre de salut. Il eut assez de maîtrise sur ses sentiments pour ne point rompre ses relations mondaines avec Giulietta : et la preuve décisive nous en est apportée par une lettre de Giulietta h Thérèse, qui est du 2 août 1803 2, 11 n C’esi la première fois que je sens que le mariage pourrait apporter Je bonheur. Malheureusement, elle n’est pas de ma classe ; maintenant, en tout cas, je ne pourrais pas me marier ; il faut encore que je me débrouille bravement. » (ich muss midi nun nocli waeker herum tummeln.) (Lettre à Wegeler, 16 novembre 1801.) 2. M. A. de Hevesy l’a datée, par inadvertance, de 1800. Mais il n’y a aucun doute possible pour la date d’août 1803. Car il est question, dans la lettre : 1° de l’oratorio de Beethoven (Christ aux Oliviers), qu’on va donner à l’Àugarten : or, la première exécution est du 5 avril 1803, et le concert à l’Augarten, du 4 août 1803 ; 2° dos « nouvelles œuvres » de Beethoven, les Bagatelles (op. 33), les Variations dédiées aux Odescalchi (op. 34). Or, les unes ont paru en mai 1803, les autres, au cours do la même année,