Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/367

Cette page n’a pas encore été corrigée
330
BEETHOVEN

330

®

8on moindre souci b Intelligents, ardents, ils Usaient tout ce qui leur tombait sous la main : romans, livres latins que le frère rapportait du gymnase, volumes de poésies, empruntés, qui les enivraient 1 2. Un libre développement délicieux, périlleux. Il s’amassait en eux une somme d’énergie, qu’ils ne savaient à quoi dépenser. Aucun guide, aucun modèle. Les quatre enfants étaient très unis et s’aimaient passionnément. De cet amour, Thérèse devait, plus tard, être la victime, de la part de sa cadette, Joséphine, qui en abusa. Quand ils avaient de onze à quatorze ans, ils composèrent très sérieusement une petite République. « Encore aujourd’hui, écrit Thérèse arrivée presque au terme de sa vie, je ne sais rien de plus heureux et de meilleur. » Le père mourut quand elle avait dix-huit ans, en 1793. Les tragédies de l’Europe, les troubles dans les Pays-Bas, la mort de Joseph II, la Révolution Française, la guerre malheureuse avec les Turcs, avaient ébranlé sa santé, déjà atteinte. Thérèse ressentit ce deuil plus profondément que le reste de la famille. La mélancolie développa les forces religieuses de sa nature. Mai, chez cette fille d’une mère 1. « La bonne mère était un esprit fort, en matière d’éducation. Elle prétendait que Véducation et l’instruction n’avaient aucune influence sur le caractère et l’intelligence. Ce que l’homme doit devenir, il le devient : c’est écrit. Tout ce que les hommes font pour y rien changer, est nul ou nuisible. »

2. <s. Un jeune monsieur me donna les Odes de Klopstock : ce fut ma Bible. Un autre me donna les poésies de Matthison et de Salis : le tout m’enivra. J’écrivais prose et vers, j’apprenais par cœur, je retenais une pièce pour l’avoir lue une ou deux fois... Nous étions abandonnnnés à nous-mêmes, nous poétisions à cœur joie... »